La blockchain : une révolution pour le secteur de l’énergie ?

Blockchain. Ce petit mot, vous l’avez sûrement entendu, sans forcément le comprendre… On vous a dit que c’était l’avenir. Que c’était le “nouvel Internet”. Que cela devait révolutionner le monde du commerce, de la finance, du droit… Mais de quoi s’agit-il vraiment ? D’autant que la blockchain pourrait bien changer la façon dont nous gérons l’énergie… Mais comment ? Pas de panique : on vous explique tout !

Blockchain et énergie : quel rapport ?

La blockchain est une technologie de stockage et de transmission de l’information. Sans rentrer dans les détails, celle-ci ressemble plus ou moins à une base de données partagée entre tous les utilisateurs et les utilisatrices. Sauf que chaque utilisateur et chaque utilisatrice possède la totalité de la base de données et peut donc vérifier la validité de la chaîne à tout instant. La blockchain n’est pas Internet ; elle ne passe pas PAR Internet ; c’est une technologie séparée qui pourrait bien se développer en parallèle d’Internet et pour des usages différents… Mais finalement, à quoi ça sert tout ça ? Et quel rapport avec votre ampoule de salle de bain ?

La blockchain : à quoi ça sert…

La blockchain introduit dans le monde numérique une notion nouvelle : la rareté.

En effet, sur Internet, n’importe quel fichier peut être échangé, copié, modifié à l’infini. Mais avec la blockchain, au contraire, nous pouvons être certain(e)s qu’un objet X a été échangé entre l’utilisateur A et l’utilisateur B ; l’utilisateur A ne l’a plus, tandis que l’utilisateur B est devenu l’unique propriétaire. La transaction est non falsifiable : à chaque instant, chaque utilisateur garantit le consensus des informations présentes sur la blockchain.

Et ça marche pour les objets “X”, mais aussi pour la monnaie (bitcoin et autres crypto-devises), pour les contrats, la plupart des biens, des services, mais aussi les kilowattheures…

La blockchain appliquée à l’énergie

Dans le domaine de l’énergie, la blockchain ouvre de nombreuses perspectives, dont voici quelques exemples assez saillants  :

  • Résoudre un certain nombre de problèmes de transparence – notamment grâce aux garanties d’origine. Ainsi, la provenance exacte de l’énergie peut-être vérifiée en temps réel, de manière incorruptible. C’est d’ailleurs déjà cet objectif que poursuit Octopus Energy en achetant son énergie en direct des producteurs, et en signant la charte EVOC, qui garantit aux clients une électricité 100% verte et 100% locale – un peu comme le label AOC appliqué aux électrons !

  • Attribuer en temps réel et de manière automatique des certificats d’énergie renouvelable pour éviter le double comptage.

  • La facturation quasi temps-réel de l’énergie (plutôt que mensuelle).

  • Suivre et contrôler, en temps réel, tous les échanges sur le réseau et permettre une gestion plus fine de l’équilibre offre/demande.

  • Enregistrer toutes les transactions d’énergie, sans passer par un tiers de confiance ou un organe centralisé. Cela nous emmène tout droit vers l’utopie écologiste décrite par Jeremy Rifkin. Cet essayiste américain pense effectivement que nous entrerons dans une troisième révolution industrielle quand la production d’énergie sera répartie en de multiples micro-centrales qui s’échangeront, selon les fluctuations, les excédents de production via un réseau intelligent nommé smartgrid. Une vision séduisante que seule la blockchain peut rendre possible…

Blockchain et énergie : amie ou ennemie ?

Néanmoins, pour être une alliée de l’environnement, la blockchain doit encore surmonter des défis. Nous savons déjà que tous les outils numériques sont polluants, mais certains experts et expertes pensent que la blockchain serait particulièrement énergivore, car non seulement les calculs informatiques nécessaires demandent énormément d’électricité, mais surtout, ils augmentent de manière exponentielle à mesure que des utilisateurs rejoignent le système. Pour donner un seul exemple : le bitcoin génère déjà autant de CO2 que l’Irlande !

Heureusement, il existe en fait plusieurs technologies blockchain, certaines étant plus polluantes que d’autres. Le bitcoin serait, finalement, un exemple particulièrement négatif ne reflétant pas toute la complexité du problème.

Concrètement, à quoi ressemblerait un monde alliant blockchain et énergie ?

La technologie blockchain est encore toute récente. Les applications concrètes émergent seulement… Néanmoins, les perspectives sont prometteuses et déjà, en France comme dans d’autres pays, plusieurs projets pilotes font une utilisation astucieuse de la blockchain.

Blockchain et énergie chez les particuliers

Avec la blockchain, chaque foyer pourrait connaître (et choisir) exactement son producteur d’énergie… Un peu comme on choisit son producteur de fruits et légumes en circuit-court ! Mieux, chaque foyer pourrait produire sa propre électricité, de manière autonome, avec une micro-centrale. Ce pourrait être par exemple un panneau solaire sur le toit, une éolienne dans le jardin, un petit moulin à eau sur la rivière en contrebas…

Si le soleil se cache, ou que le vent ne souffle pas, la blockchain se chargerait de répartir l’électricité dans la ville, ponctionnant le surplus des producteurs pour alimenter les foyers déficitaires.

Et ça marche déjà ! Par exemple, à New York, le projet Brooklyn Microgrid permet déjà aux habitants du quartier de gérer localement et de manière indépendante leur production-consommation d’électricité.  Même chose avec le projet Power Ledger, en Australie.

En France, dans l’Yonne, le groupe Bouygues Immobilier teste la blockchain sur un réseau de compteurs d’eau connectés – le système évite le gaspillage, détecte les fuites, et ainsi de suite… Ce n’est pas directement un projet “énergétique”, mais c’est prometteur !

La blockchain et la gestion d’énergie en entreprise

Mieux gérer sa consommation d’énergie, se lancer dans l’auto-production… Les promesses de la blockchain ont déjà séduit le monde économique. De grandes multinationales font déjà des expériences ; les PME et TPE devraient bientôt leur emboîter le pas.

D’ailleurs, plusieurs marques proposent déjà aux entreprises de les accompagner pour passer à l’ère de la blockchain, comme  SAP, Acciona, WePower, Everledger, Greeneum ou Suncontract…

Certes, la blockchain reste encore une technologie très jeune, surtout en France. Mais l’avenir appartient aux défricheurs, et à celles et ceux qui suivent leur instinct… Et vous, que dit le vôtre ?

Benjamin

concepteur-rédacteur

Publié le 30 décembre 2021

Retour au blog